Coupe de France : à elles, les 16es !

Par Philippe Serve

L’Olympique de Marseille féminin s’est qualifié ce dimanche 4 janvier pour les 16es de finale de la Coupe de France, en éliminant le FA Marseille sur son terrain (2-1). Une première !

Elles l’ont fait. Ce ne fut pas facile, comme prévu. Mais les Olympiennes connaîtront pour la première fois au goût d’un 16e de finale de Coupe de France. Chaque année, cette équipe marque le millésime par le franchissement d’une borne supplémentaire sur sa route vers les sommets. Que ce soit en championnat, avec déjà trois divisions avalées en trois ans, ou en Coupes : Coupe de la Ligue remportée en 2014 après un 2e tour en 2012, puis une finale en 2013. Et la plus belle, la Coupe de France. Qu’on en juge :

2012 : éliminé au 1er tour (Cassis, tàb)

2013 : 64e (ASPTT Montpellier, DH, 1-2)

2014 : 32e (FAMF, D2, tàb)

2015 : qualifié pour les 16e… en attendant mieux ?

Debout de g à d : Montagna, Pelloux, Pizzala, M'Bassidjé, Pourquiès.

Accroupies : Rubio, C. Abou-Deraa, Marcilly, Hatchi, Laplacette, Cousin.

Une double revanche qui ne dit pas son nom

Non seulement ce 32e revêtait les atours d’un derby 100 % marseillais, mais il sonnait aussi comme un remake de deux confrontations récentes au résultat identique, match nul dans chaque cas, mais aux conséquences beaucoup moins neutres. Il y a tout juste un an, les Olympiennes, encore en DH, affrontaient leurs voisines de D2 au même stade de la compétition. Bien que dominées et à même de juger l’écart les séparant de la division supérieure, elles réussirent à tenir tête et à forcer le FAM aux tirs au but, avant de s’incliner. Un nul, mais une élimination… Il y a six semaines, l’OM ayant rejoint la D2 entre-temps, c’est pour le compte du championnat que les deux équipes se retrouvaient. Les Olympiennes, nouveau leader après leur exploit à Nîmes, recevaient le FAM, jouaient à 11 contre 10 pendant 80 minutes, menaient 2-0 à une demi-heure de la fin… et concédaient un nul (2-2) qui pourrait coûter très cher en fin de saison. Un nul à l'âcre parfum de défaite…

Lugdivine Montagna à la relance

De bien bonnes frappeuses

Cette fois, la rencontre se disputait sur le terrain du FAM, « à l’extérieur », et devant 300 spectateurs. Comme souvent cette saison, les filles en blanc se retrouvèrent menées à la marque au bout de 5 minutes de jeu seulement. Après une tentative pour chaque camp — le FAM d’abord, bien bloquée par Anaïs Hatchi, puis Pauline Cousin à côté pour l’OM — les hôtesses obtenaient un coup-franc à une trentaine de mètres, légèrement désaxé sur la gauche. Le numéro 10 Julie Manzi prenait sa chance. Son ballon s’élevait avant de retomber en feuille morte. Hatchi voyait le ballon sortir (elle s’en excusera par la suite), mais celui-ci s’engouffrait juste sous sa barre, près du poteau gauche. Le vent, qui soufflait avec le FAM en cette première mi-temps, avait peut-être donné un petit coup de pouce (1-0, 5’)…

Les Olympiennes ne prirent pas trop le temps de gamberger devant cette mauvaise entame. Dix minutes plus tard, Tess Laplacette débordait à droite et centrait. Le ballon était repoussé par une tête et parvenait à Léa Rubio à 25 mètres des cages. La capitaine contrôlait tranquillement et déclenchait une de ces frappes calibrées dont elle a le secret. Lucarne ! (1-1, 15’) Juste avant la mi-temps, sa comparse du milieu Caroline Pizzala avait l’occasion de donner l’avantage à son équipe, mais son pied tournait légèrement et le tir frôlait l’extérieur du poteau gauche de Zarate.

Léa frappe... et marque !

Le FAM démarrait la 2e mi-temps pied au plancher et créait un début de panique dans la défense olympienne qui s’en tirait à bon compte. Mais c’est l’OM qui frappait victorieusement. Sur un corner tiré de la gauche par Rubio, une défenseure du FAM repoussait de la tête dans l’axe sur Pizzala. Celle-ci, dos au but, déviait en une touche de balle et avec beaucoup de vista et d’intelligence vers Émilie Pelloux, seule à droite dans la surface. La défenseure centrale reprenait en demi-volée. Le cuir heurtait le dessous de la barre, coin opposé, et rebondissait derrière la ligne. Superbe ! (1-2, 48’).

Boostées par cet avantage et maintenant poussées par le vent, les Olympiennes appuyaient leurs actions et après un service de Cousin, Pizzala était toute proche de réussir le break. Puis le FAM réagissait et mettait sérieusement l’OM sur le reculoir. Manzi faisait passer des sueurs froides avec sa frappe légèrement trop croisée et qui flirtait avec le montant droit d’Hatchi. Forcément, les contacts devenaient plus rudes et les fautes s’accumulaient, Léa Rubio récoltant un carton jaune (77e). Une dernière grosse occasion pour le FAM suite à un cafouillage devant la cage olympienne, et les filles de Christophe Parra pouvaient célébrer leur qualification historique…

Cathy Abou-Deraa lève bien la tête.

La Coupe des filles

L’OM féminin poursuit donc son aventure en Coupe de France et connaîtra son adversaire des 16es (joué le 25 janvier) jeudi, peu après-midi. Notons que le tirage restera encore une fois « régional », et que sur les 12 équipes du groupe C de D2 (celui de l’OM), seules trois autres équipes sont encore en lice : Nivolas-Vermelles, La Véore-Montoison et Muret. Tous les autres cadors sont passés à la trappe, même Nîmes que l’on félicitera néanmoins d’avoir poussé le MHSC (D1) aux tirs au but. La Coupe de France n’est pas un objectif pour Christophe Parra et son staff qui privilégient naturellement la montée en D1. Mais il a eu l’intelligence de responsabiliser les joueuses et surtout de leur accorder une autonomie, reflet de sa confiance. En substance : « En Coupe, la compétition vous appartient, à vous de décider ce que vous souhaitez en faire ». Apparemment, les Olympiennes ont faim en ce début d’année et une petite aventure prolongée ne serait pas pour leur déplaire. Et puis une occasion de montrer aux garçons, piteusement éliminés au même stade de l’épreuve par Grenoble (CFA) aux tirs au but, que les filles de l'OM... elles savent faire !

P.S.

© PhilippeServe

Stade Arsène-Manelli, OM bat FA Marseille 2 à 1. Mi-temps : 1-1.
Arbitre : Mme Solène Bartnik assisté de MM. Antoine Julien et Benoit Chandelier.
Délégué : M. Philippe Di Marco.
Buts - FA Marseille : Manzi (5). OM : Rubio (15), Pelloux (48).
Avertissement - OM : Rubio  (77).
FA Marseille : Zarate - Belkhiter, Espolet, Meresse, Achour - Imchal - Bernard, Manzi (cap) - Chougrani (Bayle, 79), Secci, Moziyan.
Entraîneur : Sophie Sillère.
OM : Hatchi - Laplacette, Pelloux, M’Bassidjé, Montagna - Marcilly - Pizzala, Rubio (cap, Ben Abdelghani, 86) - Pourquies (Vignal, 76), C. Abou-Deraa (Anigo, 88), Cousin.
Entraîneur : Christophe Parra.

Photos : © Meryll Vian / OM.Net

Vidéo : © OM.Net

Comments

[Claude]

Même si je ne suis marseillais, je suis admiratif devant les progrès des Olympiennes que je peu suivre depuis, et grâce à la construction de son blog. ;)

[Joe]

Comme un bon supporter marseillais, j'ai vu le match. Un bon match avec des joueuses qui ne se laissent pas marcher sur les pieds des deux côtés, ce qui prouve qu'on a des joueuses de caractères à Marseille, ce dont je ne doutais pas. Bon, l'année dernière, c'était le Famf, cette année c'est l'OM. J'avoue que lors du match et pour la coupe de france, j'étais pour personne, que la meilleure gagne, comme on dit ! Une équipe du Famf combattante et qui ne lâche rien, mais qui a manqué d'efficacité dans les derniers gestes, puis une bonne équipe de l'OM, un peu plus présente dans les duels que le match de championnat, il est vrai. Un repositionnement d'anaïs M'bassidjé dans l'axe qui a été bénéfique dans la solidité défensive de l'OM. Une Léa Rubio qui apporte énormément dans la volonté et l'abnégation à l'OM, en plus de sa justesse technique et un beau but. Bon, maintenant, une équipe de D1 pour l'OM serait le mieux pour cette équipe qui est positionnée dans une zone susceptible d'accession en D1 en championnat.