Transferts à l’OM : les arrivées
Par Philippe Serve
La saison 2015-2016 s’ouvre pour l’Olympique de Marseille féminin avec un effectif profondément remanié, qui perd notamment sa capitaine, Léa Rubio. Revue de détails sur qui s’en va et qui arrive… 2ème partie : les arrivées…
Avec pas moins de 10 départs, dont 3 cadres, l’OM féminin était non seulement dans l’obligation de recruter plusieurs joueuses, mais aussi des profils suffisamment pointus pour permettre à la section de passer ce petit cap qui l’a maintenu la saison dernière en D2 où elle effectuait ses débuts (2e à 5 pts du promu, Nîmes). Christophe Parra a donc choisi de faire venir des filles expérimentées en recrutant notamment du côté de l’AS Saint-Etienne (4 joueuses), mais aussi de Juvisy pour le gros coup du mercato en la personne de la célèbre Brétigoal, Sandrine Brétigny.
LES ARRIVÉES
SANDRINE BRÉTIGNY
« Brétigoal »… Le surnom claque au vent avec autant de puissance que les frappes de balle de l’intéressée. Sandrine se l’est vite forgé et l’a rendu incontournable au fil des saisons, en même temps que sa légende s’écrivait. Essentiellement à Lyon : le FC Lyon de 2000 à 2004, puis surtout, après la fusion des deux clubs, à l’OL de 2004 à 2012. Soit 12 ans de fidélité à son club et à sa ville d’adoption (elle est née au Creusot le 2 juillet 1984). La lecture de son seul palmarès pourrait suffire pour expliquer le culte qui lui est dévolu encore aujourd’hui sur les bords du Rhône : 213 buts en 234 matchs, ce qui en fait la canonnière numéro 1 de l’histoire du club. Dans le détail, 177 buts en 187 matchs de D1, 27 en 28 de CdF, 9 en 19 de LdC. Excusez du peu... Évidemment, avec autant d’efficacité, Sandrine a ramassé les titres à la pelle : 6 fois championne de France, 4 Coupe de France (+ 4 autres finales) et, cerise sur le gâteau, 2 Ligue des Championnes (plus une 3e finale perdue). En 2012, après une saison débutée par une blessure et le reste en DH où elle est confinée par son entraîneur Patrice Lair, elle part tenter l’aventure dans le meilleur championnat mondial, la Frauen Bundesliga allemande. Au club le plus prestigieux, le FFC Francfort. Elle y passe une saison, marquée par deux blessures en novembre, puis avril (6 buts pour 14 matchs), y a énormément appris sur les plans physique et mental, et en garde un grand souvenir. Elle revient en France, au Juvisy FCF, après avoir été à deux doigts de partir aux USA (Seattle). Á la Juv', où elle aura joué les deux dernières saisons, Bret’ claque encore : en 39 matchs de D1 (sur un total possible de 44, et avec seulement 19 titularisations), elle inscrit 21 buts, soit rapporté à son temps de jeu (2017’) un but toutes les 96 minutes en jouant en moyenne 51’ par rencontre… Pas mal ! Sa performance la plus remarquable demeure son record inégalé de 42 buts en 21 matchs lors de la saison 2006-2007 ! Sa carrière en Équipe de France correspond sans doute à une certaine frustration avec « seulement » 20 sélections (et 9 buts), dont la participation à l’Euro 2009 (quart de finaliste) et à la Coupe du Monde 2011 (demi-finaliste) au côté d’une autre future Olympienne, Caroline Pizzala. Elle sera encore de l'aventure de l'Euro 2013, mais sans fouler la pelouse. Sa dernière sélection remonte à il y a deux ans (29/06/13) contre la Norvège.
Une image que l'on verra sûrement encore beaucoup cette saison : Brétigoal après un de ses buts...
Brétigoal est une serial scorer, une de ces buteuses-tueuses, véritable renarde des surfaces. Relativement petite (163 cm), elle marque dans toutes les positions, peu importe que le but soit beau ou pas, son obsession est d’envoyer la balle au fond. La saison dernière, l’OM a créé énormément de jeu et s’est vue offrir beaucoup d’occasions. Mais malgré les efforts et le talent de ses buteuses, Pauline Cousin et Alicia Pourquiès, un manque de réalisme chronique finit par punir l’équipe. La venue de Sandrine Brétigny doit remédier à ce problème. Dès l’annonce de son arrivée à l’OM, les défenseures du groupe C de D2 ont commencé à faire des cauchemars. À juste titre ! Son association avec le feu follet Pauline Cousin et la passeuse de haute-précision qu'est la nouvelle venue elle aussi Nora Coton-Pélagie devrait faire de bien belles étincelles…
Sois la bienvenue, Bret’ ! Et même si toi qui ne renieras jamais ton amour pour Lyon auras peut-être un peu de mal à entendre les supporters dire souvent ici « Il n’y a qu’un seul Olympique », saches que tu es ici chez toi et que la famille olympienne t’accueille à bras ouverts ! Tu es désormais des nôtres.
NORA COTON-PÉLAGIE
Autre recrue majeure du mercato olympien de l’été, la venue de la Stéphanoise Nora Coton-Pélagie, l’une des joueuses les plus appréciées de D1 depuis de nombreuses années. Âgée de 27 ans (née le 22 avril 1988 aux Lilas), Nora est une milieu de terrain offensive pouvant jouer attaquante, qui a marqué durablement toutes les équipes où elle a évolué, grâce à sa superbe technique et sa vision du jeu. Passée par le Centre National de Formation de Clairefontaine (2004-07, 34 matchs, 7 buts) où elle croise entre autres Caroline Pizzala, elle évolue ensuite un an à Soyaux (24 matchs, 11 buts), puis rejoint le PSG où elle retrouve Caro et restera quatre saisons à ses côtés (2008-12). Avec Paris, elle joue 75 matchs en D1 (10 buts), plus 11 en CdF (7 buts) et 4 en LdC (2 buts). Elle remporte la Coupe de France (Challenge de France) en 2010 et est vice-championne de France l’année suivante. En 2012, elle part pour une saison à Issy (19 matchs, 7 buts) avant de rejoindre l’ASSE pour laquelle elle évolue deux ans (30 matchs, 5 buts)… Parallèlement, Nora porte le maillot bleu en sélections de jeunes : U17 (4), U19 (11, 2 buts), U20 (7, 2 buts). Elle est finaliste de l’Euro U19 en 2006, battue par l’Allemagne d’une certaine Nadine Keßler. Parmi ses coéquipières : Marie-Laure Delie, Eugénie Le Sommer, Jessica Houara… Sa capitaine ? Caroline Pizzala…
Sa longue expérience passée sur le terrain avec Caro garantit une intégration immédiate à l’équipe, comme cela avait été le cas pour la même Caro la saison dernière avec Léa Rubio, elle aussi ex-joueuse du PSG. Cette dernière, qui a aussi évolué avec Nora au PSG, ne tarit pas d'éloge sur la nouvelle Olympienne, restée son amie (cf. entretien exclusif avec Léa Rubio). Comme Sandrine Brétigny, Nora va apporter une énorme expérience, celle de l’élite, du très haut niveau. Les deux dernières saisons avec l’ASSE ne furent pas un long fleuve tranquille, le club luttant pour son maintien en D1 malgré un excellent effectif. Nora arrive donc habituée des matchs à couteaux tirés qui seront le lot de chaque dimanche de D2, surtout avec 6 relégués sur 12 à l’arrivée, et un seul promu… Et sa technique fera le reste !
Bienvenue, Nora ! Tous les supporters de l’OM comptent sur toi et ton talent pour aider l’équipe à se hisser en D1.
LÉONIE MULTARI
Jeune défenseure centrale (19 ans) en provenance de Saint-Etienne, Léonie s’est déjà fait une solide réputation. La Bastiaise de naissance, passée par les excellents U19 du MHSC (2012-13), a ensuite porté les couleurs vertes des Amazones durant les deux dernières saisons, se partageant entre les U19 et la D1 (18 matchs dans l’élite). La principale qualité de Léonie est de ne jamais rien lâcher et ses adversaires en savent quelque chose. Elle a parfois le sang un peu chaud et tendance à monter en température, mais c’est bien là son seul défaut, peut-être de jeunesse, même si elle a tendance à y incriminer en riant ses origines corses. Hors du terrain, une fille très calme et vraiment sympathique. Bienvenue à elle et à sa niaque. Continue à ne rien lâcher sous tes nouvelles couleurs, Léonie !
BARBARA BOUCHET
Troisième joueuse en provenance du Forrèze, Barbara porte des initiales dont on ne doute pas qu’elles soient vite célébrées aux alentours de la Cannebière. Les cinéphiles, eux, se rappelleront avec délectation d’une homonyme tout aussi blonde, inoubliable Moneypenny dans le bondien Casino Royale (1967). Barbara est provençale (née il y a 22 ans à Aix) et a débuté à 15 ans à Rousset où elle a passé trois saisons. Après une année en U19 à Saint-Etienne, elle fait une escapade au Puy (2012-13) où elle découvre la D2 (20 matchs, 7 buts), avant de retrouver l’ASSE, mais cette fois en équipe première et en D1, où malheureusement elle fut victime d’une fracture du péroné. Milieu de terrain dotée d’un excellent pied gauche dont elle sait user avec bonheur sur les coups de pied arrêtés, Barbara s’apprête à prendre sous les couleurs blanches de l’OM un envol semblable à celui des six oiseaux tatoués sur son bras gauche. Bienvenue à cette fille nature et souriante !
CHARLÈNE TOROSSIAN
Quatrième Amazone à rejoindre l’OM cet été, Charlène est la plus jeune (elle aura 18 ans le 23 novembre). Comme Barbara, elle est aussi une fille du midi puisque née à Bagnols-sur-Cèze. En tant que languedocienne, elle débuta logiquement avec les U19 du MHSC (2012-13) où elle a donc évolué avec Léonie Multari. L’année suivante elle part à Monteux où, tout en continuant à jouer en U19, elle découvre la D2 (7 matchs). Elle rejoint l’ASSE à la fin de la saison. Charlène joue arrière gauche et, comme Léonie, sa principale qualité est de ne jamais rien lâcher.
MARGAUX DAUTUN
Autre jeune joueuse (18 ans depuis janvier), Margaux arrive de Juvisy. Défenseure, elle a évolué les trois dernières saisons en U19. Joueuse à l'aise techniquement et avec un bon état d'esprit, qui travaille beaucoup et fait les efforts nécessaires pour récupérer ou demander le ballon. Elle possède une marge de progression très intéressante.
© Philippe Serve 2015
Photos : OM.net, eurosport, ASSE, Yoël Bardy, Juvisy FCF, PSG.
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