OLYMPIENNES ET MARSEILLAISES

OM – Le Puy (1-1) : les filles aux allumettes

8 Décembre 2014, 21:12pm

Publié par Philippe Serve

 

Par Philippe Serve

L’Olympique de Marseille féminin n’a pu faire mieux qu'un match nul arraché à domicile et dans le temps additionnel devant Le Puy (1-1), pour le compte de la dernière journée aller du championnat de D2 (groupe C). Une 100e quelque peu gâchée…

Nous attendions beaucoup de cette rencontre. Une production et un résultat en forme de feu d’artifice digne des fêtes de Noël qui s’annoncent. Certes, l’adversaire, Le Puy 43 Auvergne, ne venait pas en victime expiatoire, loin de là. Fortes de leur 3e place, juste derrière l’OM, les Auvergnates espéraient « faire un coup », comme nous l’avions averti dans ces colonnes

Avertissement : si cet article sonne trop critique aux yeux de certain/es, c’est qu’il a été composé à l’aune des espoirs et des certitudes que les Olympiennes ont créés ; et parce que nous nous projetons sur la perspective d’une saison entière, mettant chaque match en relation avec ceux qui précèdent et ceux qui suivent, et non per se, isolé.

L’OM balbutie ses résultats

Ce dimanche 7 décembre 2014 ne se voulait pas un jour comme les autres pour les Olympiennes et leur encadrement. Non seulement il marquait la fin de la première partie de saison, mais aussi — peut-être surtout — le 100e match de Christophe Parra et de tout son groupe depuis le lancement de la section féminine de l’OM, à l’été 2011. Un anniversaire ! À célébrer avec une fierté légitime.

Christophe le mérite bien, ce maillot dédicacé par son groupe

Nous espérions donc Noël avant l’heure. Ne le taisons pas, nous sommes déçus. Car derrière ce nul concédé à une très bonne équipe (1-1), et qui n’aurait rien de critiquable en tant que tel, se cache une nouvelle performance galère à la maison. Les Olympiennes sont passées à un cheveu d’une terrible déconvenue, d’une première défaite à domicile, et elles doivent remercier haut et fort leur buteuse de poche et renarde des surfaces Pauline Cousin, qui sut glisser entre les jambes de la gardienne une balle que celle-ci avait relâchée au bout du temps additionnel (90 + 4’) !

Merci, "Popo" !

Voilà la troisième fois consécutive que l’équipe balbutie son football sur son terrain, après la victoire arrachée face au modeste Véore-Montoison (2-1, après avoir été menée 0-1) et le nul abandonné à un FA Marseille en infériorité numérique et mené pourtant 0-2 (2-2). On y ajoutera un autre score de parité avec sueurs froides à Nivolas-Vermelle (2-2, où là les Olympiennes traînaient 0-2 après 15’)… Pour un prétendant à la montée, un ralentissement mal venu en terme comptable, un signe que quelque chose patine peut-être.

Volonté et force mentale suffiront-elles ?

Une fois de plus, et on les en félicitera, les Olympiennes ont démontré leur habituelle force de caractère, qui les pousse à ne jamais renoncer, à lutter jusqu’à la dernière seconde. Ne mégotons pas : cet atout-là s’avèrera toujours d’une extrême importance, et provoquera bien des victoires, telles celles ramenées de Claix (2-1) ou de Nîmes (1-0). Mais peut-on se hisser tout en haut de la hiérarchie de D2 — rappelons qu'une seule formation montera en D1 — si cet atout, d’indispensable, devenait vital ? Autrement dit, combien de fois les Olympiennes arriveront-elles encore à arracher succès ou nuls dans les temps additionnels ou après avoir été menées au score ? A force de jouer avec les allumettes, on finit souvent par se brûler les doigts…

Charline veille...

Comme dit précédemment, nulle honte à ne pas battre une très belle équipe du Puy. Oui, mais voilà : les points perdus ne se rattrapent pas, d’où la nécessité de poser un garrot et de stopper l’hémorragie lorsqu’elle survient. Les 4 pts laissés à Nivolas et face au FAMF ne sont pas des anecdotes telles qu’elles autorisent d’en céder deux autres à la maison. Depuis la création de la D2, aucune équipe ayant fini en tête du groupe C, accédant ainsi à la D1, n’a égaré en route plus de 10 pts dans la saison, à l’exception de Rodez en 2009-2010 (13 pts). L’OM en comptabilise déjà 9 à son passif. Il reste 11 matchs à disputer. En cela, oui, nous considérons que ce nul face au Puy, beau onze ou pas, s'analyse comme une contre-performance que les Olympiennes ne peuvent plus se permettre, surtout chez elles. En dehors de ses deux défaites (6 pts perdus) face à ses deux principaux concurrents Toulouse et l’OM, Nîmes n’a lâché aucun point à quiconque. Si le football ne relève pas — heureusement ! — des Mathématiques en tant que science, l’arithmétique, elle, s’avoue sans pitié à la fin des calculs.

Un impératif : resserrer la défense

Cet OM féminin se crée toujours beaucoup d’occasions de buts, mais bien que meilleure attaque du groupe C, trop d’entre elles finissent à côté, sur la gardienne, sur les montants. La malchance n’existe pas en football, et ne sert de baume que sur les plaies des moins exigeants. Le ballon heurte un poteau ? Le tir n’a pas été cadré. Voilà tout. Refuser d’invoquer la malchance ne revient d’ailleurs pas, soulignons-le, à hurler à la maladresse d’éventuelles fautives. La critique est facile, le football difficile… On n’érigera pas en règle absolue le bombardement de la cage adverse sous tous les angles et la croissance des statistiques de tir. Non, la seule règle valide : envoyer la balle au fond. Mieux vaut mettre un but décisif sur un total de trois occasions, qu’aucun malgré une dizaine de tirs cadrés ou pas. Cela porte un nom : réalisme.  Il faut savoir tuer les matchs. L’OM  y parvint à Nîmes, Le Puy a failli réussir de même au stade Roger Lebert, à quelques secondes près…

Pas passée loin de son 1er but en D2, Anaïs...

Malgré tout, l’OM score à chaque rendez-vous dominical. Pas une rencontre sans but inscrit depuis le coup d'envoi de la saison. Quel promu peut s’en vanter ? Pauline Cousin, recrutée pour marquer, tient son rang (8 buts), et Alicia Pourquiès ses promesses (6). Mais si l’équipe pointe à la 2e place du classement général avec la meilleure attaque, elle ne possède que la 5e défense, avec près du double de pions encaissés par rapport à Nîmes, le leader : 12 contre 7. Si cet écart du simple au double (ou presque) se maintenait, nul doute qu’il priverait les Olympiennes de leur rêve de fin de saison. Aucune formation finissant avec de tels différentiel et passif défensif n’a accédé à la D1 dans ce groupe C depuis les débuts de la D2, voici sept ans. Les trois derniers promus, Toulouse, Muret et Albi, ont tous terminé avec la meilleure défense…

Leader au classement pour la première fois il y a trois journées, voilà les Olympiennes aujourd’hui à trois pts des Crocodiles nîmoises, et sous la menace directe de Toulouse qui, en cas de victoire dans son match en retard au Puy, les rejoindrait, et passerait même devant à la différence de buts, aussi bien personnelle (premier critère de séparation des ex-æquo), que générale.

Capt'ain Léa sonne la charge !

Une trêve bienvenue

Dimanche soir 14 décembre, une fois la rencontre de Coupe de France passée (1er tour fédéral, équivalent aux 1/64e F, sur le terrain de l’ASPTT Montpellier, équipe de DH) pour lequel Christophe Parra a annoncé son intention de faire tourner son effectif pour récompenser certaines joueuses du groupe en mal de temps de jeu, les Olympiennes partiront pour trois semaines de vacances bien méritées (1). Avec au bilan 7 victoires (dont une à Nîmes), 3 nuls, et 1 seule défaite à Toulouse lors de la toute première journée. Qui n’aurait signé au matin du 14 septembre pour un tel résultat à mi-parcours ?

Oui, s’il s’agit de vouloir s’accorder une année d’apprentissage en D2 pour un groupe qui, staff compris, découvre le niveau, à trois ou quatre joueuses près. Les voisines du FA Marseille avaient brillé en 2012-13. Promues, sans les moyens exceptionnels de l’OM, elles avaient fini 2e, avec une Alexandra Moziyan à 24 buts. Mais cette belle réussite n’avait pas débouché pour autant sur le Graal l’année suivante, et très vraisemblablement pas non plus cette saison…

Le championnat ne reprendra que le 18 janvier avec la venue de Muret, relégable, et battu 5-0 à domicile par l’OM à l’aller. Puis deux matchs en février : le 1er du mois, à Aurillac, puis le 15 à domicile devant Claix… Repartir du bon pied et ne laisser aucun point en route, voilà les obligations des Olympiennes pour 2015. Et se souvenir de Muret qui, en 2012-13, avait perdu 10 pts dans ses 7 premiers matches, avant de gagner… les 15 suivants, un sans-faute, et de finir 1er avec 9 pts d’avance sur le FAM… Exemple à méditer… et à imiter !

(1) À condition de se qualifier en Coupe de France, les 32e de Finale étant disputés le 4 janvier 2015.

P.S.

Photos : OM.Net

OM – Le Puy (1-1) : les filles aux allumettes

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