OLYMPIENNES ET MARSEILLAISES

ITW – Christophe Parra : « Tout est positif, dans le vert»

12 Décembre 2014, 02:06am

Publié par Philippe Serve

 

Entretien réalisé par Philippe Serve

Retrouvailles avec Christophe Parra, l’entraîneur de l’OM féminin, au lendemain de la fin des matchs aller, concluant les quatre premiers mois de son équipe en D2.

"Si on nous avait dit en début de saison..."

Bonjour Christophe, merci de répondre une fois de plus à mes questions. Quel bilan fais-tu de votre championnat à mi-parcours, avec cette 2e place à 3 pts du grand favori Nîmes, et avec 7 victoires, 3 nuls et 1 seule défaite concédée à la première journée ?

Par le passé, et tu le sais, car nous en avons souvent discuté ensemble, je n’ai jamais eu pour habitude de regarder les aspects comptables, et encore une fois je ne m’y attarderai pas trop. Je préfère être dans une réflexion de travail, d’intégration des joueuses, avec un changement de cycle à partir du mois de janvier, et continuer dans la même philosophie que dans les années précédentes. Je ne vois pas pourquoi ça changerait. L’approche du travail est toujours semblable.

La première partie a des objectifs sportifs, et comme je le disais d’intégration. Pas facile, étant donné les nombreuses nouvelles joueuses arrivées, et qui doivent donc s’intégrer sur les plans humain et sportif. Découvrir un nouveau groupe, un nouvel entraîneur, un nouveau club, prend du temps. Et pour les anciennes, découvrir un nouveau niveau, comme les années précédentes et qui, saison après saison, est de plus en plus élevé et compliqué. Les filles ont réussi jusqu’à présent à hausser leur niveau grâce au travail, à leur implication. Il en est toujours de même aujourd’hui et, finalement, le parcours n’est pas si mauvais que ça, très loin de là même. Si on nous avait dit en début de saison : « Si à mi-parcours vous êtes situés à la 2e place, qu’en penses-tu, tu signes ou pas ? », j’aurais signé de suite… Je vais me répéter encore une fois : il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, avant de parler de… bon, au niveau du club, on est à l’OM et il faut l’assumer. Mais comme dans tous les autres clubs, le résultat est une difficile équation entre l’investissement et le travail. Et l’adaptation au niveau.

N’oublions pas qu’il y a trois saisons, les filles jouaient en District. Sur le onze de départ, il doit y avoir 6 ou 7 filles qui étaient déjà là la 2e année. Nous sommes secondes avec un bilan très positif. Après, voilà un championnat de niveau national qui nécessite beaucoup plus d’exigence, difficile sur la longueur, éprouvant, avec un niveau qui n’a rien à voir avec la DH. Et les filles se sont quand même rapidement acclimatées. En face, des équipes qui jouent à ce niveau depuis longtemps. Quand elles rencontrent l’Olympique de Marseille, c’est comme un derby tous les dimanches, elles ont toutes envie de taper l’OM, sont toujours très motivées pour nous jouer. Complètement normal, et il faut l’assumer, le préparer, le digérer. À partir de tout ça, oui, le bilan est très positif.

"Le mot d’ordre aujourd’hui : régénération."

Comment, à la fin de cette phase aller, sens-tu ton groupe physiquement, avec le passage à quatre séances hebdomadaires ? Est-ce que cet effort supplémentaire est maintenant digéré, ou as-tu au contraire vu un effet de fatigue accumulée ?

Je trouve que les filles finissent très bien athlétiquement. Après, il y a beaucoup de blessées de longue durée, comme Amandine [Blanc], Laura [Gouy], Oumaima [Maiel] qui traîne une blessure au genou depuis plusieurs saisons, Cécilia [Vignal] qui revient tout juste, Amandine Théroux… En janvier, on doit récupérer l’intégralité de l’effectif que nous n’avons pas eu depuis le début de saison, ce qui fera un sacré recrutement, avant que tu ne me parles de celui-ci. Très bien, ça permettra une plus grande concurrence. Et comme tu l’as écrit, et je le constate, le championnat est long, les filles travaillent à côté, ont quatre entraînements dans la semaine, elles partent le samedi pour jouer le dimanche. Tout le monde dit : « Merveilleux, Olympique de Marseille ! », mais les filles qui sont là ont une vie. Mais nous savons qu’elles vont assumer. Je connais beaucoup de joueuses qui disent, « Oui moi je viens ! », mais elles n’assument pas à ce rythme là. Le faire quand tu es lycéenne, universitaire, professeure des écoles, ingénieure, ou que tu travailles à l’usine, en plus de la vie de famille... pas facile. Mais je les trouve bien physiquement. Après, psychologiquement, encore une fois, le championnat est long et compliqué. Donc, arriver à la 2e place à mi-chemin, compte tenu de tout ce qu’on vient de dire : très, très bien. Et nous allons profiter du Papa Noël, de l’Arbre de Noël et du passage à la nouvelle année pour que les filles récupèrent et se régénèrent, surtout psychologiquement. Le mot d’ordre aujourd’hui : régénération.

Comment expliques-tu les trois derniers matchs à domiciles, très difficiles (La Véore, FAM, Le Puy) ?

Nous avons joué trois bonnes équipes. Je me répète, mais ces équipes-là jouent l’Olympique de Marseille. Être performantes tous les week-ends avec un noyau de filles qui ont peut-être, à un moment, besoin de récupération et de concurrence, c’est difficile. Mais donc, pas mal dans ce qu’elles font face à des adversaires de grande qualité. Je prends Le Puy, vraiment très bon en terme d’organisation et de respect d’une animation défensive. À prendre comme exemple, et même à montrer dans pas mal d’écoles de foot. Donc, pas facile. Alors, sur la 2e mi-temps, on a pas mal d’occasions pour tuer le match, avec une attaque-défense. Le Puy a deux occasions. Pas dans mes habitudes de parler de l’arbitrage, mais sur ce match, je pourrais signaler quelques actions, dont le but du Puy…

… oui, un bon tampon sur Laure [Roffe-Vidal] au départ de l’action…

… oui, pousser n’est pas autorisé en football… Sur un coup-franc aux 16,50 m aussi, la joueuse qui fait faute est dernière défenseure, empêchant Pauline [Cousin] de filer seule au but. Or, elle avait déjà un carton. Après, bon, on a une barre, un but refusé pour un hors-jeu litigieux, bref… Les filles ont tout donné, on n’a pas eu la réussite avec nous… Véore, peut-être le match le moins abouti... Le FAM, encore une belle équipe... En fait, on a joué trois derbys. Il faut s’accrocher, trouver les solutions, que les filles s’adaptent.

"Continuons à nous faire plaisir "

Pour monter en fin de saison, on ne va pas se cacher, vous allez sans doute devoir remporter tous vos matchs retours, soit 11 rencontres d’affilée. Peut-être un match nul vous sera-t-il autorisé, mais guère plus….

(Christophe m’interrompt)… la montée, toi qui le dis. Au club, on m’a dit : chaque année, il faut monter. Moi, je suis éducateur, je travaille, et je suis là pour ça. Si on ne monte pas, et bien on ne monte pas. J’assumerai, pas de souci.

 Ce que je voulais dire est que dans la perspective d’une éventuelle montée, gagner 11 matchs d’affilée, peut-être 10 avec un nul, parait énorme, mais Muret avait gagné ses 15 derniers matchs il y a deux ans, et Albi 17 la saison dernière. Donc, pourquoi pas ?

Complètement. Mais tu sais, et je ne me cache pas derrière ça, mais quand on me dit « Il faut jouer la montée », je réponds encore et toujours « Pas de charrue avant les bœufs ». Travaillons ! À la fin, on tirera le bilan. Pas de prise de tête. D’ici là, les filles ont besoin de récupérer psychologiquement, passer du temps en famille. Voilà le plus important. Et on continue avec la même approche, les mêmes mots, c’est l’aventure humaine, tellement belle ! Tout est positif, dans le vert. Continuons ! Continuons à nous faire plaisir et avoir les mêmes résultats.

Vous faites votre entrée en Coupe de France ce dimanche à l’ASPTT Montpellier. Existe-t-il un objectif défini et une certaine ambition, ou celle-ci est-elle entièrement portée sur le championnat ?

J’appréhende les matchs pour les gagner. Dimanche, un match de coupe, mais comme les autres, que l’on va essayer de gagner. Après, la saison est très longue et nous avons besoin de tout le monde. Jusqu’à maintenant, nous avons eu un effectif peut-être réduit par moment, qui a peut-être fait défaut sur certains matchs. On va essayer de faire une large revue d’effectif et de permettre à tout le monde de se responsabiliser, et d’aider le club à poursuivre son évolution. À monter notre colline, de plus en plus difficile. Parce que lorsqu’on sera en D1, si on y arrive un jour, ce sera jouer l’Europe, la Ligue des Championnes, être premier. Nous trouverons toujours une montagne plus élevée. Donc, besoin de tout le monde, de travailler, et dimanche pareil, contre une équipe qui va absolument vouloir battre l’OM, et nous allons encore jouer un derby passionnant contre cet ASPTT Montpellier. En fait, nous jouons un match de coupe tous les dimanches, donc ça ne va pas nous changer.

Tu as annoncé que tu allais faire tourner ton groupe pour le match.

Possible, oui.

a promet une belle deuxième partie de saison"

Le championnat ne reprendra pas avant le 18 janvier, avec peut-être un 32e de finale de Coupe de France avant, dès le 4. Qui dit janvier et début d’année, dit Mercato d’hiver. Question simple : l’OM féminin va-t-il recruter ?

Je t’ai parlé des recrues. Et elles sont nombreuses.

Pas de nouvelles filles hors de l’effectif existant, donc ?

Non. Pas pour l’instant. L’idée est de permettre à ces « recrues » de l’effectif actuel de taper à la porte. Déjà, si on a ces joueuses à disposition en janvier, pas encore en pleine possession de leurs moyens, mais qui commenceront à fouler le terrain et travailler avec le groupe, ça promet une belle deuxième partie de saison.

Dernière question : tu dois être heureux et fier de la sélection de Léa [Rubio] en Équipe de France B, car voilà aussi une reconnaissance de l’OM et de son travail ?

Ah, mais complètement ! Ah oui ! Oui, je suis fier d’avoir partagé tous ces mois avec elle, et d’avoir croisé sa route. Oui, tout à fait. Même très fier !

Merci Christophe, bon travail et un gros « M…. » pour dimanche !

Merci, Philippe, et « travail » est effectivement le bon mot, le plus important !

Tous mes remerciements à Christophe pour sa disponibilité, malgré son emploi du temps très chargé, et à l’OM qui a autorisé cet entretien.

P.S.

[Entretien réalisé par téléphone le 11 décembre 2014]

ITW – Christophe Parra : « Tout est positif, dans le vert»

Commenter cet article