D2 : L'OM battu (1-3) par un triple tour de Claix
Par Philippe Serve
Grosse désillusion pour les Olympiennes qui s’inclinent à la maison face à Claix (1-3) pour le compte de la 14e journée de D2. Un enchaînement cauchemardesque (trois buts pris en autant de minutes) et des occasions vendangées ont scellé le match. Heureusement, Nîmes a aussi perdu…
D’accord, toutes les séries sont vouées à finir à un moment ou un autre, et celle de l’invincibilité de l’OM féminin (14 matchs, toutes compétitions confondues) comme les autres. Mais on se serait bien passé du scénario assez incroyable qui a envoyé les Olympiennes au tapis, face à Claix (10e). Qui plus est à domicile !
L’analyse défiée
Que dire, en analyse de ce match et de ce résultat, tant les signes sont contraires ? Christophe Parra lui-même, l’entraîneur de l’équipe, se dit à la fois « satisfait et aigri ». Satisfaction du jeu produit et aigreur envers la manière dont son équipe a offert le résultat à l’adversaire. Nous ajouterons le constat que lorsqu’on ne concrétise pas sa large domination et ses multiples occasions de buts, on s’expose à un, ou plutôt à un triple coup du sort. Encore que nous ne devrions pas employer ce terme. Claix n’a pas inscrit ses trois buts en trois minutes de jeu effectif (45+2, 45+3, 46’) par un coup du hasard ou grâce à une rafale de mistral. Les trois relèvent d’autant d’erreurs olympiennes : un pénalty concédé d’abord, puis un ballon perdu en milieu de terrain sur la remise en jeu, suivi d’une défense trop passive et d’une gardienne avancée et lobée, tout cela dans le temps additionnel de la première mi-temps et, enfin, dès la reprise, un mauvais renvoi dans l’axe et contré… Trois buts pris sur trois actions de Claix plein axe… Cela fait beaucoup, surtout ajouté comme dit précédemment aux multiples occasions créées et non converties pendant 90 minutes, à l’exception d’un corner direct marqué par Alicia Pourquiès (une spécialiste du genre) à la 13’. Mais la vérité consiste aussi à dire que Claix aurait pu ajouter deux autres buts en 2e mi-temps...
Corner direct d'Alicia Pourquiès et but !
Pas la première fois
La frustration est d’autant plus grande qu’en cas de victoire, les Olympiennes seraient revenues à 3 pts du leader Nîmes (avec un match en retard sur les Gardoises), car dans le même temps, les Crocodiles s’inclinaient chez les voisines du FA Marseille (1-3). Occasion ratée, donc. On sait, nous l’avons toujours vanté ici, que les Olympiennes sont des filles intelligentes qui apprennent très vite de leurs erreurs et savent les corriger. Mais on se doit ici de s’interroger. Car ce n’est pas la première fois qu’une contre-performance se produit, et à l’identique. Des points avaient été abandonnés alors qu’ils n’auraient jamais dû l’être : à Nivolas (2-2) et face au FAM (2-2), par manque de concentration et soupçon de suffisance. On pensait la leçon bien apprise. Las, cette fois ce ne sont pas 2, mais 3 pts qu’on laisse en route. Dans un championnat aussi serré, où quatre équipes sont en lutte pour une seule place ouvrant à la D1 (Nîmes, l’OM, Le Puy et Toulouse), le moindre point perdu contre une équipe hors de ce quatuor se paie très cher. Mais le problème — et c’est bien là le message de Christophe Parra — réside plus dans les raisons de ces points perdus que dans le pur bilan comptable. Car l’OM est toujours dans la course à la montée, même s’il a de grandes chances, une fois le calendrier mis à jour, de se voir dépassé par Le Puy et rejoint par Toulouse. L’inquiétude vient plutôt de ces relâchements récurrents et coupables.
Début du cauchemar... Un coup-franc transformé (logiquement) en pénalty...
On peut aussi multiplier les pistes de réflexion, de questionnement, et nul doute que le staff, autour de Christophe Parra, les a déjà empruntées…
Présence/absence de Léa Rubio
Est-il normal qu’une équipe visant la montée soit aussi dépendante de la présence ou de l’absence d’une joueuse ? Nous voulons bien sûr parler de la capitaine Léa Rubio. Trois matchs manqués, les trois évoqués plus haut, avec les résultats que l’on sait. En dehors du premier, perdu, à Toulouse (où elle avait inscrit un but exceptionnel), et du nul face au Puy, l’OM a toujours gagné avec Léa en championnat cette saison. Et toujours échoué sans elle. Inutile de se voiler la face, cette dépendance est fragilisante pour l’équipe. Formidable atout quand elle est là, de par sa classe naturelle, sa technique, sa vision du jeu, ses passes décisives et ses buts, mais aussi le leadership mental et intellectuel dont fait toujours preuve cette guerrière, cet atout devient un handicap apparemment insurmontable lorsqu’elle ne foule pas la pelouse.
Questions en vrac
L’assimilation du nouveau système de jeu mis en place par Christophe Parra (4-4-2 en losange), s’il a semblé jusqu’ici parfaitement maîtrisé par les filles (y compris contre Claix) sur le plan de l’animation offensive et du jeu, avec des performances de haute qualité depuis la reprise, entraîne-t-elle par un contrecoup pervers un manque de concentration dans la récupération et l’organisation défensive ? Ce changement de schéma s’est aussi accompagné, ne l’oublions pas, du déplacement d’Anaïs M’Bassidjé dans l’axe. La formule, forcée par les événements (blessures des titulaires du poste, et notamment de Roffe-Vidal) est-elle appelée à durer ? Christophe avait aussi choisi de se priver pour ce match, à la pointe de l’attaque, de sa meilleure buteuse, tout à la fois flèche et renarde des surfaces, Pauline Cousin, faisant reculer la championne du Monde U17 en milieu de terrain en lieu et place de Rubio, et jouant en attaque avec deux filles plutôt de côté, Cécilia Vignal et Éloïse Vallet. En deuxième mi-temps, avec les deux buts à remonter, « Popo » est naturellement revenue aux avant-postes. Rajoutons que la gardienne titulaire, Anaïs Hatchi, avait été laissée à disposition de la DH, remplacée par la titulaire de celle-ci, Délia Moulin qui faisait à cette occasion ses débuts en équipe première… Il y a donc eu pas mal de changements et d’essais depuis un mois. Ont-ils déstabilisé le bloc équipe, beaucoup plus aux niveaux mental et concentration défensive que technique ? Nous n’avons pas les réponses et ne pouvons que poser les questions.
Saint-Étienne, un révélateur
Dimanche prochain, les Olympiennes seront à Saint-Étienne pour un 8e de finale de Coupe de France. Une équipe de D1 qui, après un début de saison bien raté, a trouvé son rythme avec un enchaînement de bonnes performances et une buteuse qui empile les buts, Sarah Palacin. Pour la première fois de la saison depuis Toulouse (et Nîmes), l’OM ne partira pas favori. Loin, très loin de là. Les filles n’auront rien à perdre quant au résultat. Ce que l’on surveillera bien davantage, ce que l’on attendra d’elles, outre le déploiement de leur jeu léché, collectif et tourné vers l’avant, sera leur degré et surtout leur durée de concentration. Si celui-ci ne se maintient pas de la première à la dernière seconde, la correction risque d’être sévère. Mais si elles ne lâchent rien, à aucun moment, alors l’exploit sera envisageable.
P.S.
Photos : om.net
Stade Roger-Lebert, Claix bat OM 3 à 1. Mi-temps : 2-1.
Arbitre : Mme Magali Bourquin assisté de MM. Rémy Caire et Philippe Sabonnadière.
Délégué : M. Jacky Ballon.
Buts - OM : Pourquies (13). Claix : Navas (45+2), Jesus (45+3), Geirsson (46)X.
Avertissements - OM : Laplacette (45+1), Vignal (71).
OM : Moulin - Laplacette, Pelloux (C. Abou-Deraa, 67), M’Bassidjé, Montagna (Perrin, 87) - Marcilly (Ben Abdelghani, 87) - Pizzala (cap), Cousin - Pourquies - Vallet, Vignal.
Entraîneur : Christophe Parra.
Claix : Jeanjean - Meslien (cap), Semanza, Mollard, Grange - Miraoui - Wasner (Lotito, 56), Navas, Geirsson, Fortin (Fabre, 65) - Jesus (Pereira, 83).
Entraîneur : Teddy Palermo.
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